Une jeune femme attristé assise, la tête basse

Vaincre la solitude

Chacun a déjà fait la douloureuse expérience de la solitude, que l’on soit enfant (sentiment d’être mal compris par ses parents), célibataire (cœur souffrant sans âme sœur), marié (peu écouté, connu, voire mal aimé par le conjoint), ou âgé (plus personne pour partager notre petite vie recluse).

La solitude est un des fléaux typiques de la société occidentale, car l’individualisme a été érigé en système, éradiquant solidarité, communion, sentiment d’appartenir aux autres (la Covid n’a fait qu’accentuer ce repli sur soi).

Malheureusement, au sein de nos Églises, nous expérimentons aussi la solitude.

Si vous vous sentez seul dans l’Église, que faire ?

Il y a une démarche collective et une démarche individuelle possibles.

 

Collectivement,

Des mains les unes sur les autres pour illustrer un esprit d'équipenous pouvons nous engager sur le chemin d’une communion fraternelle, vraie, profonde et vivante. N’est-ce pas une belle aventure, un « chouette » défi que Dieu nous donne, pour briller comme une lumière dans ce monde de ténèbres ? « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres »[1]Jean 13:35

Nous pouvons prier Dieu spécifiquement pour qu’il nous sauve de notre culture ambiante qui nous imprègne si facilement.

Nous pouvons prendre la décision de rejeter la superficialité. Quand nous demandons « ça va ? », changeons notre manière d’écouter. Nous n’aimons pas les choses qui nous mettent mal à l’aise. Mais nous pouvons lutter contre la tendance charnelle à rester dans l’indifférence vis-à-vis de l’autre. Soyons prêts à entendre les douleurs et n’ignorons pas les situations embarrassantes.

Nous pouvons lutter contre le détachement que produit l’individualisme. Cet égoïsme né du péché, qui faisait dire à Caïn (en réponse à Dieu qui lui demandait « Où est ton frère Abel ? ») : « Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? »[2]Genèse 4:9.

Faisons violence à notre chair et sentons-nous concernés par les autres. Lorsque nous avons cette pensée individualiste « quelqu’un va bien s’en charger », remplaçons-la par cette question que Jésus nous pose de façon indirecte dans la parabole du bon Samaritain : « es-tu son prochain ? »[3]Luc 10:29-37. C’est un effort à faire, mais ensemble, grâce à l’Esprit de Dieu en nous, nous pouvons y arriver.

 

Personnellement,

je peux m’engager dans un groupe de quartier. C’est l’endroit idéal pour partager, apprendre à connaître d’autres personnes et me faire des amis.

Je peux aussi m’engager à chercher Dieu. Non pas pour le supplier de me donner des amis ou un conjoint, mais pour le trouver lui. Car un de nos problèmes dans nos relations vient du fait que, sans nous en rendre compte, nous attendons que les autres, par leur attention, comblent le vide en nous. Or ce vide, seul Dieu peut le combler, comme le disait le philosophe Pascal, dans ses Pensées : « Il y a un vide en forme de Dieu dans le cœur de chaque homme qui ne peut être rempli par aucune chose qui ait été créée, mais seulement par Dieu, le Créateur, qui s’est fait connaître aux hommes par Jésus. »

Dieu veut être là pour nous. Nous pouvons découvrir en lui une présence incroyable, qui enlève tout sentiment de solitude, qui nous fera dire comme Jésus : « je ne suis pas seul, car le Père est avec moi »[4]Jean 16:32.

 

Pour trouver Dieu,

nous devons d’abord passer par un moment de douleur. En effet, le vide de Dieu en nous est tellement immense qu’il produit une grande souffrance. La plupart du temps, nous faisons taire cette souffrance, en l’enfouissant profondément sous d’autres pensées, tracas, passions, sollicitations, en la fuyant dans les distractions, les relations, le travail ou les addictions. Mais « en fuyant cet isolement et en essayant de nous distraire avec des gens et des expériences nouvelles, nous ne pouvons pas traiter cette situation de façon réaliste »[5]Henri Nouwen, les trois mouvements de la vie spirituelle, p.20 .

Nous devons au contraire faire silence en nous, devant Dieu, pour oser affronter, avec lui, la douleur intérieure du vide. Nous devons oser ressentir le manque de vie, de plénitude, pour le confier pleinement à Dieu. Nous devons croire que cette souffrance est un seuil et non un cul-de-sac, un passage vers une nouvelle vie et non une mort.

Alors en « traversant » cette douleur, nous trouverons Dieu, « de l’autre côté ». Il va rendre notre cœur profondément paisible, infiniment en sécurité, plus jamais seul.

Nous pourrons de nouveau aller vers les autres, non pas affamés d’attention et d’affection, mais plutôt à l’écoute, attentifs à leur cœur. Nous ne serons plus dans l’attente intérieure de leur demander de répondre à nos besoins, nous serons là pour les servir avec une joie que nous ne connaissions pas. Et ainsi, comme tous nous nous servirons les uns les autres, tous nous seront bénis en retour.

 

Thierry GEAY

Notes

Notes
1 Jean 13:35
2 Genèse 4:9
3 Luc 10:29-37
4 Jean 16:32
5 Henri Nouwen, les trois mouvements de la vie spirituelle, p.20