un homme sur un transat face au soleil

Le repos

Je sais c’est l’été il fait beau et chaud
Souvent dans ces moments, la barre on la met très haut
Mais les angoisses ne dépendent pas de la météo
J’ai peur de ne pas avoir assez profité.

Ces paroles, tirées de la chanson « Coups de blues/soleil », des frères rappeurs Bigflo et Oli, illustrent peut-être la pression que chacun se met lorsqu’arrivent l’été et le parfum de vacances qui s’en dégagent.

On voudrait pouvoir se reposer, en quelques jours ou quelques semaines, de tout ce qui a été vécu, plus au moins difficilement, le restant de l’année. Stress, anxiété, angoisse… ces derniers mois ont été propices à de telles expériences.

Mais est-ce aussi facile que ça de se détendre, de digérer les émotions vécues pendant l’année et de profiter de l’instant présent ? Ne met-on pas parfois la barre trop haute sur cette période estivale ?

S’il suffisait de décider de se reposer pour que cela devienne effectif, ça se saurait ! Le constat est que cela demande du temps, mais aussi des efforts… ce qui peut sembler paradoxal.

Dieu ne sait que trop bien notre difficulté à lâcher prise et à nous confier humblement en lui. Cela semblait si problématique qu’il en a fait un commandement, écrit par lui-même sur les Tables de la loi données à Israël :
« Souviens-toi du jour du sabbat pour me le réserver. Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage. Le septième jour, c’est le sabbat qui m’est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni tes serviteurs ou servantes, ni ton bétail, ni l’immigré, qui réside chez toi. Car en six jours, j’ai créé les cieux, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, puis je me suis reposé le septième jour ? C’est pourquoi moi, le Seigneur, j’ai béni le jour du sabbat et je veux qu’il me soit réservé. » Exode 20.8-11

Derrière cette exigence, l’Éternel souhaite communiquer un élément important du repos de chaque humain : il passe inévitablement par une relation entre le Créateur et sa créature.

Au sens littéral, le mot « sabbat » signifie « s’arrêter ». S’arrêter pour faire face à notre Seigneur et entrer en relation avec lui. Les temps d’arrêt qui nous sont offerts devraient donc servir de belles opportunités de nous rapprocher de lui, de nous mettre à son écoute, de nous réjouir de ses bienfaits et de contempler ses œuvres.

Malheureusement, c’est souvent dans le sens contraire que nous agissons, nos « repos » sont l’occasion de faire tout ce que nous avons dû remettre faute de temps. Il nous arrive alors d’être plus fatigués à la fin de nos congés qu’à leur début !

Blaise Pascal résume bien cette tendance naturelle à l’activisme :
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »

Le silence peut être angoissant à bien des égards, tout comme le fait de cesser nos activités. Le repos devient alors une discipline qu’il nous faut exercer.

C’est pourtant dans ces instants d’éternité [1]Pour reprendre l’expression de Peter Scazzero dans son livre, Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine, p. 191. dans la présence du Seigneur que nous sommes totalement ressourcés, et que la paix et la sérénité viennent faire leur place dans nos cœurs. Bien des témoignages bibliques s’accordent sur cette vérité, que ce soit Samuel qui doit se mettre à l’écoute de l’appel divin [2]1 Samuel 3.8-9, le psalmiste qui s’attend à son sauveur [3]Psaume 37.7, ou encore le Fils de Dieu qui prenait dans une journée plusieurs temps pour se reconnecter à son Père [4]Luc 22.39 : l’expression « selon son habitude » manifeste la régularité de ces instants.. L’humoriste Murielle ROBIN, dans l’un de ses sketchs, se demandait : « si ça se trouve, je suis heureuse, et je ne le sais même pas ! ».

Ce sont dans ces moments privilégiés, dans l’intimité de ce cœur à cœur avec notre Dieu, que se révèlent et se rappellent la joie et le bonheur.

Les mois de juillet et d’août, avec une tension professionnelle souvent moins forte et quelques jours de vacances pour la plupart d’entre nous, nous donnent la possibilité de revenir à cet essentiel de notre foi : apprendre à se reposer en Christ.

Vivre ces sabbats, c’est toucher quelque chose de profond en nous, qui portons l’image de Dieu. Il a fait en sorte de connecter notre cerveau, notre corps, notre esprit et nos émotions pour le rythme du travail et du repos en lui. [5]Peter Scazzero dans son livre, Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine, p. 197.

Saisissons alors ce privilège qui nous est accordé de s’arrêter pour venir le rencontrer et développer notre aptitude à nous poser en sa présence… ce sera là un véritable ressourcement accordé à notre être entier.

 

Kévin LE LEVIER

Notes

Notes
1 Pour reprendre l’expression de Peter Scazzero dans son livre, Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine, p. 191.
2 1 Samuel 3.8-9
3 Psaume 37.7
4 Luc 22.39 : l’expression « selon son habitude » manifeste la régularité de ces instants.
5 Peter Scazzero dans son livre, Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine, p. 197.